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Adopter et adapter les rôles du soutien professionnel

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Voici l’article de conclusion de notre série éclairante sur les trois piliers du soutien dans le changement : la facilitation, le coaching et le consulting. Tout au long de cette série, nous avons exploré chacun de ces rôles indépendamment, examinant leurs fonctions uniques, leurs méthodologies et les impacts significatifs qu’ils peuvent avoir sur la réussite organisationnelle. De l’approche nuancée de la facilitation, qui se concentre sur le guidage sans diriger, aux pratiques autonomisantes du coaching et aux interventions stratégiques du consulting, nous avons découvert la nature distincte mais complémentaire de chaque discipline.

Cet article peut être apprécié seul, mais pour une compréhension plus complète, la première partie sur la facilitation est disponible ici : Les trois piliers du soutien: Facilitation, Consulting et Coaching.

Notre attention se tourne vers une compétence qui lie tous ces rôles : la capacité à adapter la bonne posture en fonction des besoins situationnels. Dans les paysages dynamiques des entreprises et des projets, les lignes entre la facilitation, le coaching et le consulting peuvent souvent se brouiller. Un leader peut se retrouver à devoir changer de rôle de manière fluide au cours d’une seule session ou phase de projet pour répondre efficacement aux défis évolutifs.

Nous explorerons des stratégies pratiques pour s’adapter sur le moment et discuterons de la manière de gérer les conflits internes qui surgissent lorsque les instincts professionnels—comme le désir de résoudre un problème directement—doivent être tempérés en faveur de la facilitation des processus de groupe ou de l’empowerment, l’habilitation et la compétence des actions des équipes par le coaching.

Changement de postures

Il est primordial de commencer chaque mission dans la posture spécifiquement demandée par le client. Si je suis engagé pour du coaching, c’est cette casquette que je dois porter initialement. Cependant, la réalité des besoins d’une organisation peut souvent différer de la perception initiale du mandant. Il n’est pas rare qu’en pratique, le mandant ne soit pas entièrement clair quant à ce dont l’organisation a réellement besoin, nous plaçant ainsi dans une position où l’adaptabilité devient cruciale.

La capacité à passer d’un rôle à l’autre est donc une compétence inhérente au soutien dans le changement. Pratiquer une écoute active est essentiel pour capter les indices verbaux et non verbaux qui peuvent signaler un besoin de changer de posture. Cette attention permet de saisir les subtilités et les non-dits, indiquant si le groupe bénéficierait d’un changement d’approche.

L’utilisation de questions stratégiques aide également à clarifier les attentes et les besoins du groupe. Cela me permet de déterminer si je dois continuer sur ma lancée ou ajuster l’approche pour mieux servir le groupe. Avoir un plan d’action flexible, prêt à s’adapter aux changements de direction au cours de la session, est également crucial. Cette préparation me permet de naviguer plus aisément entre les rôles sans perdre de vue les objectifs de la session.

Encourager le feedback continu de la part des participants et du client offre des perspectives instantanées sur l’efficacité de l’approche choisie et sur les éventuels ajustements à faire. Ce dialogue ouvert favorise une adaptation en temps réel qui est nécessaire pour répondre de manière efficace et pertinente aux dynamiques de groupe.

Il est également important de maintenir une conscience de soi et une auto-évaluation constantes. Reconnaître mes propres réactions et émotions peut être le signal qu’un changement de posture pourrait être bénéfique, non seulement pour moi mais aussi pour le groupe entier.

Cette adaptabilité ne permet pas seulement de répondre plus précisément aux besoins des clients, mais favorise également un environnement plus réactif et engagé, essentiel pour naviguer dans les défis complexes et dynamiques du monde professionnel moderne.

Techniques pour changer de posture sur le vif

La capacité de changer de posture avec agilité pendant les réunions ou les sessions est clé. Cela exige une compréhension de la dynamique en cours, afin de pouvoir intervenir de manière efficace et pertinente.

Pour cela, je développe et maintiens une série de techniques qui facilitent ces transitions fluides entre les rôles de facilitateur, de coach et de consultant, selon ce que la situation requiert.

Développer une acuité sensorielle aiguë

Ma première technique consiste à développer une acuité sensorielle aiguë. Cela signifie être très attentif aux petits signaux au sein du groupe, qu’ils soient verbaux ou non verbaux. Par exemple, un changement dans le langage corporel des participants, comme des bras croisés,  des regards évités ou un décrochage dans la participation, peuvent indiquer un malaise qui pourrait bénéficier d’une approche plus facilitatrice pour ouvrir le dialogue.

Intégrer la flexibilité dans les méthodes de travail

Je conçois mes méthodes de travail pour être flexibles. J’entre dans chaque session avec un plan structuré, mais je suis toujours prêt à le modifier selon les réactions du groupe. Cette flexibilité me permet d’adopter une posture plus consultative si je perçois que le groupe est bloqué et a besoin de directions plus spécifiques pour avancer.

Utiliser des transitions verbales

Utiliser des transitions verbales est une autre stratégie clé. Lorsque je sens qu’un changement de posture est nécessaire, j’introduis souvent une transition en posant une question ouverte pour réévaluer les besoins du groupe. Par exemple, je peux demander : « Comment pensez-vous que nous pourrions aborder ce défi différemment ? » Cette question peut ouvrir la porte à un coaching plus directif ou à un conseil spécifique, selon la réponse du groupe.

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L’importance de la flexibilité et de la réactivité

La flexibilité et la réactivité sont des qualités indispensables dans ces rôles. Elles permettent non seulement d’assurer que les sessions sont productives et que les objectifs sont atteints, mais elles contribuent également à créer un environnement où les participants se sentent écoutés et valorisés. Cette approche attentive augmente la confiance et favorise une collaboration plus ouverte et plus dynamique.

Dans les situations où les dynamiques de groupe sont complexes et les attentes élevées, être capable de s’adapter rapidement et efficacement peut faire la différence entre une session qui stagne et une session qui produit des résultats tangibles et satisfaisants. La clé est de rester toujours attentif, prêt à ajuster son approche en fonction de l’évolution de la situation, garantissant ainsi que chaque intervention est aussi pertinente et impactante que possible.

Naviguer dans le conflit interne : consulting vs. facilitation

Dans ma pratique, un des défis les plus complexes à gérer est le conflit interne entre le désir de fournir des solutions directes, typique du consulting, et la nécessité de guider le processus sans influence directe, caractéristique de la facilitation. Cette tension peut survenir dans ces situations où, en tant que consultant, je vois clairement une solution, mais mon rôle de facilitateur m’oblige à me retenir pour permettre au groupe de trouver son propre chemin.

Comprendre la tension entre les rôles

Cette tension entre consulting et facilitation n’est pas seulement une question de choix, c’est aussi une question d’efficacité à long terme. En facilitation, l’objectif est d’encourager l’autonomie et l’engagement du groupe, ce qui peut être sapé si je commence à imposer mes propres idées ou solutions. En tant que consultant, cependant, mon rôle est d’apporter expertise et conseils, souvent sous forme de solutions directes. Balancer ces deux aspects peut être délicat et nécessite une réflexion constante sur le meilleur rôle à adopter selon le contexte.

Gérer l’impatience

Mon impatience est l‘aspect du conflit interne que je dois souvent gérer. Il peut être frustrant de voir une route claire vers une solution tout en devant attendre que le groupe parvienne à une conclusion similaire par ses propres moyens. Pour gérer cette impatience, j’ai développé plusieurs techniques

  • Prendre un moment pour respirer profondément et se recentrer peut aider à gérer l’impatience. Cela me permet de réévaluer la situation avec une perspective fraîche et de décider si intervenir ou non est dans le meilleur intérêt du groupe.
  • Me rappeler les objectifs de la session et l’importance de l’autonomie du groupe aide à refréner le désir d’intervenir prématurément.
  • Plutôt que de proposer des solutions, poser des questions qui guident le groupe à réfléchir davantage peut satisfaire mon besoin d’orienter la discussion sans empiéter sur le processus d’apprentissage autonome du groupe.

Après chaque session, je prends le temps de réfléchir aux dynamiques qui ont eu lieu. Cela m’aide à identifier les moments où j’aurais pu trop influencer le groupe ou pas assez, et à ajuster mes stratégies pour les futures sessions.

Naviguer dans ce conflit interne n’est pas seulement une question de choisir entre être un consultant ou un facilitateur, mais plutôt de savoir quand et comment adopter le bon rôle pour maximiser à la fois l’apprentissage du groupe et l’efficacité de l’intervention. Cette compétence de savoir jongler entre les deux postures est ce qui, à mon avis, définit un facilitateur et un consultant véritablement compétent.

Le la facilitation à l’intervention directe

Lors d’une session critique d’évaluation de solution au sein d’une entreprise de logiciels, j’étais initialement engagé en tant que facilitateur pour aider à structurer et modérer la discussion. Très rapidement la discussion a commencé à dérailler : les échanges devenaient de plus en plus animés, les participants argumentant de manière circulaire sans parvenir à un consensus ni à des conclusions pratiques.

Face à cette dynamique, j’ai réalisé que ma seule modération ne suffirait pas à canaliser efficacement les débats vers un résultat constructif. À ce moment, j’ai pris la décision de passer du rôle de facilitateur à celui de consultant, assumant une posture plus directive et interventionniste.

Pour reprendre le contrôle et structurer la conversation, j’ai d’abord interrompu les débats pour recentrer l’attention de tous. J’ai ensuite introduit une méthode systématique pour évaluer la solution, en introduisant un cadre analytique que j’avais déjà utilisé dans d’autres situations. Ce cadre incluait une liste de critères d’évaluation clairs et objectifs, permettant de mesurer les avantages et les inconvénients de la solution de manière structurée.

Ce changement de posture a calmé la tempête initiale et permis d’orienter la discussion vers l’objectif avec des résultats tangibles. En endossant un rôle de consultant, j’ai pu contribuer directement aux conclusions de la session, factualisant la prise de décisions basées sur une analyse structurée plutôt que sur des échanges émotionnels et désorganisés.

Ma passion

Dans mon travail de facilitateur, coach et consultant, chaque journée est une nouvelle aventure, pleine de défis et de découvertes. Ce rôle multidimensionnel me demande constamment de l’énergie à tous les niveaux : le quoi (le contenu de ce que nous traitons), le comment (les méthodes et les approches utilisées) et le méta (la réflexion sur la manière dont les interactions se déroulent). Malgré la complexité et l’exigence énergétique de ces rôles, je trouve une satisfaction profonde dans cette diversité.

Pour moi, évoluer à l’intersection de ces différentes facettes du soutien professionnel n’est pas seulement un travail ; c’est le meilleur endroit où être. La variété des situations, allant de la facilitation neutre à l’intervention directe en tant que consultant, offre une palette d’expériences enrichissantes qui rendent chaque projet unique et captivant. Chaque session est une occasion d’apprendre, même quand le sujet du projet n’est pas vraiment intéressant.

Cet environnement dynamique garantit qu’on ne s’ennuie jamais. Il y a toujours un nouveau problème à résoudre, une nouvelle dynamique de groupe à naviguer, et une nouvelle opportunité de faire une différence dans la manière dont les organisations fonctionnent et évoluent. La satisfaction de voir un groupe atteindre un consensus, une équipe adopter un nouveau processus, ou une entreprise transformer une stratégie en actions concrètes, est ce qui me motive à continuer et à m’engager pleinement dans chaque mission.

En fin de compte, le rôle de facilitateur, coach, et consultant me permet non seulement de contribuer au développement des autres, mais aussi de continuer à croître personnellement et professionnellement. C’est un parcours qui exige beaucoup, mais qui offre encore plus en retour – en termes de satisfaction, d’apprentissage et d’impact. Pour toutes ces raisons, je ne saurais imaginer un meilleur endroit pour exercer mes passions. Tout comme Steve Jobs, qui disait : « I want to put a ‘ding’ in the universe »…

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